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     Nous sommes arrivés sur la place Syntagma, devant le parlement, à Athène, le mardi 21 juin 2011, vers 22 heures.

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    La place est pleine, les rues adjacentes aussi. Malgrés les débordements du 15 juin lors d'une manifestation pacifiste, les grecs n'hésitent pas, même s'ils sont moins nombreux, à se rassembler, encore et encore pour manifester leur mécontentement face aux décisions

    Accueilprises par leur gouvernement, notamment par le premier ministre George Papandreou, en rapport aux mesures d'austérités dictées par l'Union Européenne.

    Mesures d'austérites touchant évidemment violemment le peuple (augmentation du chômage et des impôts, baisse des salaires...), pour sauver encore une fois les banques et la note de la dette grecque ainsi que d'éviter une faillite de l'état et la chute du cour de l'euro. En résumé, rassurer les marchés...

       Ce soir là, sur la place, se trouvent des familles, des jeunes, des vieux, des immigrés...

    Quotidiennement on peut y rencontrer des socialistes, des communistes staliniens, des anticapitalistes, des nationalistes et bien souvent des personnes hors partis ou apolitiques.

    La place semble pacifique même si juste devant le parlement, les slogans, les siflements fusent. La colère du peuple s'exprime souvent sous forme d'insultes, notament face aux policiers présents '' Flics, Porcs, Assassins''.

     

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       Quelques heures plus tard nous pûmes nous rendre compte de la violence de ceux-ci... les gazs lacrymogènes furent très vite utilisés pour dispercer la foule. Les grecs commencent à être habitués et s'équipent , masques et lunettes ou parfois un simple tee-shirt en guise de protection. Très vite, les équipes de prévention se déploient armées de spray au malox (médicament pour les troubles de l'estomac) afin de calmer les brûlures occasionées par les gazs.

     

     

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       Quelques ''Black-Blocks'' s'organisent et attaquent les forces de police anti-emeutes; cailloux, cocktail-monotov et tout ce qui peut être jeté sur celle-ci est utilisé. Les poubelles prennent feu permettant aux gazs irritant de monter dans l'atmosphère.  

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    Les familles s'éclipsent et la bataille dure quelques heures avant que la place ne retrouve son calme. Nous dormirons ici ce soir accueillis par des frères algériens. Nous passerons une partie de la nuit à comprendre ce qu'il se passe ici

     

     

     

    ORGANISATION DE LA PLACE :

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        Le camps est organisé en plusieurs groupes.

       Il y a le groupe des organisateurs qui sont composés d'une vingtaine de personnes provenant pour la plupart de circuits alternartifs. Ils se réunissent quotidiennement pour discuter des thèmes abordés lors des assemblées populaires ( voir plus bas) tenues chaque soir sur la place Syntagma. Des décisions sont prises vis à vis de la vie quotidienne du camps et du maintient de l'occupation.

    Il est difficile d'aborder ce groupe, ils sont souvent réticent aux questions concernants leurs motivations et les influences de chacun. La peur du "Media" suscite leur silence. Celui-ci est d'une part compréhensible car la majorité des journalistes grecs travaillent pour des groupes de media gouvernementaux. Régulièrement ceux-ci essaient de capter des brides de conversation lors de reunions sans toute fois en demander l'autorisation (qu'ils se verraient d'ailleur refuser) et recoivent alors en réponse la colère des participants.

     

     

      Toute fois, cette peur du "Media" bloque toute communication avec le monde extérieur et n'aide pas à la crédibilité du mouvement aux yeux de la classe moyenne grecque, premiere victime de l'austérité.

    Il nous a été également difficile , alors que nous participions au mouvement, d'avoir plus d'informations. Nous avons dû souvent passer par d'autres alternatives comme le groupe des traducteurs pour enfin obtenir des infos. Pour vous faire une opinion à ce sujet nous vous invitons à aller voir leur site ''real-democracy.gr/fr''.

    Au sein de l'organisation, un groupe se charge de la sécurité. Il calme les plus éxités si possible et tente de faire revenir le calme, le mouvement étant en majorité pacifique. Certaines personnes, sans tomber toute fois dans la parano, peuvent faire parties de la police comme infiltrés. Leur mission, en plus de récolter des infos, seraient de semer la discorde au sein du mouvement en provocant des heurts dans le camps et avec les forces de l'ordre. Le groupe de sécurité veille à calmer les débordements et de mettre à mal les intentions des infiltrés. 

       Un groupe de dessinateurs s'organise afin de réaliser les affiches, les pochoirs ainsi qu'une multitude de dessins et de nouveaux slogans.  

     

      

      Une radio pirate communique régulièrement sur les ondes, branchée illegalément sur les cables électriques du metro d'Athène.

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       Derrière eux, une infirmerie pour les premiers secours installée par des secouristes volontaires, aidés par quelques bénévoles.

      Non loin, un bureau communication est matérielement opérationnel, il est muni de quelques ordinateurs afin de mettre en ligne sur le site des infos mais il n'est pas régulièrement mis à jour, ce qui est dommage car celui-ci perd un peu de valeur (voir lien).

      Une cantine a été installée afin de servir un petit déjeuner composé de biscuits et de fruits secs ainsi que du café ''frapé'' (glacé) et un repas chaud chaque soir pour les occupants de Syntagma. La nourriture provient d'au moins trois restaurants et de quelques grand-mères qui préparent les menus. Rien n'est cuisiné sur place à défaut de lieux de stockage et de frigo.  Tout est acheminé chaque soir par les donneurs. Cette cantine subvient aux besoins d'environ 2oo personnes.

     

      Une équipe de nettoyage s'active quotidiennement aux poubelles et à la collecte des déchets afin de maintenir la place propre et vivable.

      Un groupe d'eco-constructeur met à profit leurs compétences pour construire des abris ou différentes structures avec de la récupération de bois et de mobiliers trouvés dans les rues d'Athène. 

    En tant que nouveaux arrivants, et pour avoir discutés avec d'autres personnes motivées, nous avons trouvés qu'il etait difficile d'apporter son aide dans cette organisation déjà en place depuis un moment.

    Nous avons quand même pu nous mettre en lien avec un autre groupe, celui des traducteurs.

     

    Ceux-ci s'occupent de traduire en différentes langues (francais, anglais, espagnol...) les compte-rendus des assemblées populaires mais aussi des textes ou articles grecs afin de les diffuser le plus largement possible. Ils aimeraient aussi traduire des articles provenant de la presse étrangere mais certaines personnes réticentes aux médias bloquent cette action.


    LES ASSEMBLEES POPULAIRES.   

     

       Elles se déroulent tous les soirs, plus ou moins entre 21h30 et 00h30; selon les soirs, la cour principale de la place peut être bondée.

     

     

       Les thèmes de discussions sont choisis en amont. Toutes personnes présente sur la place peut donner son avis, pour cela, des "représentants" passent dans l'assemblée pour prendre leurs noms. Il est interdit de prendre la parole sans y être invité. Ce systeme fonctionne assez bien même si parfois l'énervement, la pression de la situation, du quotidien, peuvent prendre le dessus sur la sagesse. De plus, souvent des personnes prennent la parole pour parler de leurs ressentis, de leurs états émotionnels, ce qui, même si on en comprend le besoin, n'est pas très constructif et ralentis le but de l'assemblée: prendre des décisions.

     

       Certaines assemblées dérivent. Il est arrivé que durant plus de deux heures, les personnes réunient ne parlent que de choses très futiles. A croire que des sujets sont lancés juste que pour l'assemblée soit improductive. (ce qui n'est pas impossible.)

    Toutes les assemblées sont en grec, il nous a donc fallut demander à certaines personnes présentes et volontaires de bien vouloir nous en traduire le contenu.

    Sur realdemocracy.gr on peut trouver une traduction de légers comptes-redu de celles-ci.

     
     

     

     


     
     Mardi 28 juin 2011


       A l'appel des indignés pour deux journées massives de manifestations et de grève générale ont répondu en grand nombre les partis politiques et les syndicats du pays. En effet, durant ces prochaines 48h le gouvernement doit voter pour ou contre les lois d'austérités solicitées par l'UE pour sauver le cour de l'euro des frondes de diverses agences financières de Wall Street sur la dette grecque (officiellement le prêt accordé aux grecs leur permet d'éviter la faillite). Mais ne nous voilons pas la face. Vers onze heures, des dizaines de milliers de personnes sont présentes dans plusieurs cortèges aux quatre coins d'Athènes.

     

     


    Ceux-ci se réunissent sur la place Syntagma face au parlement vers treize heures offrant une masse spectaculaire de manifestants. On y trouve des familles, des retraités, des étudiants, des syndicalistes, des gens sans confession politique (apolitiques) et bien d'autres. 

     

     

    Ils se regroupent souvent en petits groupes et discutent de leurs opinions ou de leurs ressentiments, du jamais vu en Grèce, une premiere dans la vie concitoyenne grecque. Les speackers crachent des slogans, de la musique. Plusieurs groupes de musiciens animent la place. Tout ce monde est déterminé durant ces 48heures de grève générale à manifester leurs mécontentements. Un seul mot d'ordre ''résistance''. Dans la paix et la bonne humeur. Cependant une grande majorité s'attende à une intervention musclée des forces de l'ordre, comme lors des derniers rassemblements du 15 juin 2011 durement réprimés. Beaucoup se sont équipés de masques et de lunettes pour se proteger des gazs lacrymogènes. Quelques ''black-blocks'' exhibent leurs batons prêt à l'emploi.

     

    Des heurts interviennent dès le début de l'après-midi. La présence de groupe d'extreme-droite provoque la colère des anarchistes et de sympatisants anti-fascistes. Ceux-ci se réfugient dans un café de la place qui est pris d'assault par plusieurs dizaines de personnes. Cela incite la police anti-emeute à intervenir. Ils ne sont pas les bienvenus et essuient alors des jets de bouteilles d'eau en plastique. Ils ne tardent pas a répondre avec les premières bombes lacrymogènes. Un vent de panique secoue alors un des bords de la place. Les gens courent, crient et pleurent sous l'effet irritant des gazs puissants.

















        L'ensemble des manifestants résiste aux premières nuées irritantes et campe sur leurs positions. Beaucoup de familles sont toujours présentes alors que des combats débutent aux quatres coins de la place. Il se passe environ deux heures, les combats s'intensifient. Les forces de l'ordre encerclent la place Syntagma par les rues adjacentes. Les ''black-blocks'' ainsi que de nombreuses personnes de tous bords et de tous ages font face à la police anti-emeute. Les premieres pierres ainsi que des coktails monotov volent.


















       La police répond avec des grenades assourdissantes et explosives. Certaines sont similaires aux coktails monotov laissant s'échaper de véritables boules de feu. C'est alors que débute un véritable bombardement aux gazs lacrymogènes forcant une grande majorité des manifestants, dont parmis eux beaucoup de familles, à quitter la place.

     

                                                    Les combats durent toutes l'après-midi.

     

     


     

     

     

     

     

     

    Certains sont extrèmements violents. De nombreux bléssés sont évacués par les équipes de secours dont un poste se situe dans le métro. Celui-ci sert de refuge à de nombreux manifestants.






     

     

     




    Tout le monde se retrouve couvert de ''peintures de guerre'' au malox. Une trève est de vigueur vers 19heures.









    De la nourriture et de l'eau sont distribués à la cantine. Les forces de l'ordre se reposent et tiennent  leurs positions.
















    Quelques dizaines de retraités hurlent alors leurs indignations à ceux-ci, ils ont en majorite l'âge d'être leur fils.

     

     

    Certains policiers n'hésitent pas à intervenir violement en les frappant au visage. Nous sommes alors témoin de la stupidité au plus haut point de certain être humain. Et celui-ci porte un uniforme...                           Cela laisse sans voix, ces retraités étaient non violents.

     

    Les indignés de syntagma

      

    Durant toute la soirée les combats continuent. Les manifestants brisent les marches en marbre des grands hôtels bordants la place Syntagma pour approvisionner les combattants.

     

     

     

     


    Sur la place règne une ambiance tout à fait surprenante. Les festivités s'y déroulent, des concerts ont lieu. Les groupes continuent à jouer alors que des nuages irritants parcourent la place. Et les combats continuent. Les gens sont plutôt d'humeur festive et chacun fête ses victoires de la journée. Dans ce brouhaha les bombes pètent et cela jusqu'à une heure avancée de la nuit.


     

     

     

     

     

     

     Mercredi 29 juin 2011

      

      Suite aux évènements de la veille, le mouvement des indignés et les syndicats invitent le peuple à la mobilisation non sous forme de cortèges comme le mardi 28 mais à occuper massivement la place Syntagma dès 12h.

    Un seul mot d'ordre ''résistance'', encore, et cela malgré une présence policière plus importante, environ 4000 policiers. Ceux-ci sont déterminés à dispercer les manifestants avant la fin des discussions au parlement des mesures d'austérités donnant lieu au vote à 23h.

      

    De surcroît, la violence et les gazs lacrymogènes se sont abattus en masse, de véritables bombardements ont duré toute l'après-midi et même au-delà sans répis. Seuls les manisfestants équipés pouvaient rester et tenter de résister. Des barricades sont montées aux quatre coins de la place afin de contenir les assaults à coup de matraques et les arrestations des brigades anti-émeutes.

    Les indignés de syntagma

     

     

      

    Les indignés de syntagma

    Des combats se poursuivent aux abords des barricades et dans les rues adjacentes. Tout le quartier est bouclé et le centre d'Athène ressemble à une zone de guerre. Véhicules et poubelles en feu, débrits en tous genres éssemés de toutes parts. Et les pierres volent.

     

      

    Les policiers répondent également en renvoyant les pierres avec plusieurs sortes de grenades; assourdissantes, explosives, lacrymogènes. Ils n'hésitent à relancer les cocktails monotov saisis aux manifestants les plus déterminés. Toute fois, ils ne dispercent pas les petits groupes les attaquants et sèment plutôt la terreur au sein des manisfestants occupant la place.

    Les indignés de syntagma

    Incompréhensible, les plus pacifiques de la manifestation sont pris pour cible. Un poste avancé de secours est bombardé plusieurs fois rendant impossible l'admission des premiers soins aux blessés. Nous nous trouvions à quelques mètres de celle-ci lorsqu'elle fût bombardée une fois de plus.

      

    Il est impossible de respirer ni même de voir à plus de deux mètres. La foule tente d'évacuer en flot compréssée dans la station de métro et sur la grande avenue en amont de la place. La situation devient critique, un millier de personnes pris de panique s'écrase les uns contre les autres.

    L'étouffement règne dans la confusion générale. Les policiers bombardent à plusieurs reprises ce mouvement de panique, personne ne peut respirer. Les gens gémissent, les esquades entrent dans la foule et matraquent tous ceux se trouvant sur leurs passages. Nous parvenons à évacuer sur la grande avenue. Un jet de spray au malox est le bienvenu.

    Ils bombardent également la staton de métro Syntagma, des centaines de personnes ont trouvé refuge à l'intérieur. Les combats dans les rues sont soutenus et extrèment violents.

    Les brigades motorisées, plus d'une centaine, préparent la charge massive de la place, il est environ 20h. Les policiers ont l'avantage et les combats sont principalement situés aux abords du métro. Nous quittons la place et trouvons refuge non loin du centre dans un quartier épargné par les heurts.

      

      L'occupation résistera encore quelques temps pour être finalement évacuer peu avant 23h. Une assemblée populaire tenue par les organisateurs du mouvement se rassemble pour reprendre le camp vers minuit. 200 personnes se préparent à occuper de nouveau la place Syntagma alors que la crainte d'une nouvelle répression circulait parmis les manifestants.

    Cependant la police n'intervient pas et laisse entrer les participant dans le camp dévasté par deux jours de combats intensifs. Déterminés, ils se préparent à nettoyer. Le chaos règne, un restaurant a été pillés, les banques et commerces de luxe vandalisés. Quartier riche et branché, la place Syntagma est le centre politique et économique d'Athènes.

      

      

      

      

      

      

      

      

     

      

      

      

      

     

      

      

      

      

      

      

      

      

    En conclusion, deux journées massives de manifestations se terminant par le vote des mesures d'austérités et un bilan lourd coté manifestants avec plus de 500 bléssés ainsi que 30 policiers. 2800 bombes de toutes sortes se sont abattues sur la foule et une violence inouïe déconcerte plus d'un observateur. La ligue des droits de l'Homme et l'ONU ont condamné la répression policière abusive à l'encontre de manifestants parmis les plus pacifiques. Les médias parlent de groupes de jeunes ultra-violent alors que la majorité était des familles, des étudiants, des travailleurs, des citoyens responsables voulant exprimer leur refus contre la politique de leur gouvernement. Chacuns d'entre eux ont défendu leur droit à manifester et à s'exprimer.

      

     Les indignés de syntagma

      

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      Les indignés de syntagma

      

      

     

      

     

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